Au pont perdu de l'ancien monde (version charbon)

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Au pont perdu de l’ancien monde Entends-tu nos cœurs crépiter ? Perçant, frappant, battant, claquant Leurs pouls de poètes partisans, Dos au mur, prêts à débiter ? Pressens-tu l’espoir qui combat ? Ressens-tu la vie qui foudroie ?

Au pont perdu de l’ancien monde Nous avons une problématique systémique, crois-tu qu’iels la voient ? Regarde :

Tu veux faire ta vie à crédit ? Achète une voiture ! Tu veux intoxiquer l’air de tes enfants ? Prends ta voiture ! Tu veux transformer l’être humain en mollusque ? Mets-le dans sa voiture ! Tu veux grever les comptes des collectivités ? Privilégie la voiture ! Tu veux participer au changement climatique ? Fais-le en voiture ! Tu veux dégrader ton habitat ? Construis des voitures ! Si ça ne te suffit pas, n’oublie pas les infra-structures

Nous avons une problématique épidémique : la vois-tu ?

En France on n’a pas de pétrole, mais on a décidé De s’y enchaîner ! Quelle drôle d’idée Après ça nous vient parler de souveraineté !

Remarque la culture du non-sens, Du diesel et de l’essence ! Nous nous y opposons, et nous proposons D’honorer la vie et ses essences Simple question bon sens.

Progrès sans procès n’est que ruine de l’humanité

Il n’y a rien à attendre de nos écocideur·euses, La pensée politique est dépassée Le système démocratique sclérosé

Regarde-les s’afficher à distribuer des mousseurs C’est sûr que les politiques aiment bien se faire mousser Préfèrent piller la quaternaire que préserver les aquifères ! Ici, on n’a pas d’orages mais des forages, Tant qu’on a des ressources, on tarit la source Et on espère que les processions feront tomber la pluie : Faites des oraisons C’est la défaite de la raison !

Le vieux monde doit mourir Les vieux·ielles con·nes doivent partir Ne plus laisser les jeunes con·nes parvenir

« Responsables mais pas coupables » ? Irresponsables et donc coupables. Bandes d’incapables !

De toutes façons, y’a plus d’eau De toutes façons, on mourra tous de chaud

La flore fane, la faune cane Y’a bien que l’homme qui stagne La terre crame, les océans s’enflamment Y’a bien que l’homme qui flâne

Dirigeant·es des CollTer, entendez comme la terre crie Redescendez sur Terre, il est temps que cela se termine L’agonie est délétère, elle ne peut-être éternelle

Poursuivre l’extermination des autres espèces C’est assurer le suicide de notre espèce

Au pont perdu de l’ancien monde, Sous un ciel lourd agonisant, La nuit s’annonce, terrifiante. De nuages sangs en matins bruns, de matins bruns en soleils verts Vois-tu ce qui nous guette ?

L’ombre de la bête immonde Plane sur nos gouvernements fascisants L’inquiétude est là, terrifiante Oui, d’innocent·es en citoyen·nes, citoyen·nes nous votons, pervers·es Qui nous a fait si bêtes ?

Quand il nous faudra affronter la sécheresse Et nous soutenir, tous·tes, en ces temps de détresses Sûr qu’iels ne sauront qu’envoyer les CRS Pour nous garantir le partage des misères

Et tous nos enfants vont grandir, Tous nos enfants vont souffrir, Est-ce là leur seul avenir ? On est trop sérieux quand on a 17 ans Et qu’on ne se souvient déjà plus de son enfance.

Au pont perdu de l’ancien monde, Jeunesse, je n’ose te dire : « Vous qui naissez ici, délaissez tout espoir »

Il vous faudra survivre au désespoir des cieux ! Étincelles d’aurores dans le désobéir, Il vous faudra survivre au crépuscule des vieux ! Le futur, assurément, se fera sans elle·eux.

Au pont perdu de l’ancien monde, Jeunesse, j’écris ton non : « no future » Au pont perdu de l’ancien monde, Jeunesse, j’entends ton cri : « Vull Viure ! »


Références littéraires

« Par moi l’on va dans la cité des pleurs ; par moi l’on va dans l’éternelle douleur ; par moi l’on va chez la race perdue. La Justice mut mon souverain Auteur : la divine Puissance, la suprême Sagesse et le premier Amour me firent. Avant moi ne furent créées nulles choses, sauf les éternelles, et éternellement je dure : vous qui entrez, laissez toute espérance ! » – Dante Alighieri, L'Enfer

« je ne me souvenais déjà plus de mon enfance » – Blaise Cendrars, La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France

« On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. » – Arthur Rimbaud, Roman

– Franck Pavloff, Matin brun

Références musicales

« La flore crame la faune cane » – IAM, La fin de leur monde

Références diverses

« Je me sens profondément responsable ; pour autant, je ne me sens pas coupable, parce que vraiment, à l’époque, on a pris des décisions dans un certain contexte, qui étaient pour nous des décisions qui nous paraissaient justes. » – Georgina Dufoix (dans l'affaire du sang contaminé)

« Vull Viure ! » Je veux vivre en catalan.

Soleil Vert, film de Richard Fleischer sorti en 1973.

Jean-David Zeitoun, Le suicide de l'espèce