Je ne suis pas encore certain de saisir tout ce qui se cache derrière la satisfaction d'utiliser Linux. Il y a d'une part la satisfaction non avouée d'être un peu plus spécial que les autres et un peu plus “libre”. Il y a ensuite la vidange intérieur de l'amertume et l'anxiété causée par une dépendance à des corporations milliardaires et omnipotentes. La joie et la quiétude de l'émancipation. Ensuite vient le plaisir du jeu, de la découverte et de la nouveauté.

Exploration, enquête, essai et erreur. Et c'est là une spécificité de Linux. Là où Windows et Mac OS sont conçus pour qu'on ait le moins possible à penser à l'écosystème et à l'OS, celui ou celle qui utilise Linux est très conscient de son système d'opération. Et ici une nouvelle satisfaction vient du travail qu'il faut faire pour façonner une interface à son image et son goût. On se découvre la capacité d'élucider des problèmes qui jadis s'imposaient à nous comme une fatalité. Rien, avec Linux, n'est insoluble. Avec un peu de patience, tout est possible. Finalement, et c'est quelque chose à quoi je ne m'attendais pas, c'est le côté humain de l'OS. Parce que qui explore cette voie passe nécessairement par les traces de milliers d'autre avant lui. Il découvre des communautés de passionnés et une myriades d'ingéniosités partagées sur le web. Derrière chaque extension, chaque thème, chaque réponse assidue à des forums nichés se cachent des gens.

Là où pour les grandes corporations l'inhumain est gage de prestige et d'élégance, Linux est un superbe alliage hétérogène d'intentions, de goûts, de gens. Bien entendu payer pour une licence Windows c'est payer pour un produit clé en main qui se tient, d'un bloc pour nous. Qu'on le veuille ou non les artisans, les humains qui l'ont créés resteront pour toujours anonyme parce qu'ils sont accessoire à Windows et Microsoft. Mais avec Linux, à quelque part, la communauté d'artisan est inséparable de ses créations.

Et le plaisir de découvrir ça, c'est quelque chose qui est difficile à expliquer. Difficile d'expliquer à celui ou celle qui a grandi dans l'écosystème léché de Apple pourquoi ça vaut la peine de passer des heures à s'échiner à essayer de faire fonctionner un logiciel, parce qu'on utilise un commun numérique et qu'on fait maintenant parti d'une communauté.

Enfin, je dit tout ça, mais ce n'est peut-être que la lune de miel. Reste à voir si je ne m'en lasse pas.