noktiane

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Je suis Valérie

[Deuxième jour, nouvelle rencontre : Valérie, entre rigueur et chaleur humaine.]

Tout le monde est super avec moi.

Mais évidemment j’aurais aimé être ailleurs. J’ai dix-huit ans bordel. Je devrais être avec des potes, faire un petit game ou je sais pas moi, voyager.

La Thaïlande je rêverais d’y passer plusieurs mois.

Les femmes sont superbes là-bas, de sacrés p’tits lots comme dirait mon grand-père Pierro. Enfin bref…

La matinée est bien avancée et je n’ai encore rien fait. Toute l’équipe soignante s’est occupée de moi de A à Z.

C’est tellement humiliant de ne pouvoir rien faire de moi-même.

Avant, j’avais un corps affûté…un corps de rêve haha !

J’ai grossi. Je ne bouge plus. Ce que je mange n’a pas de goût ni d’odeur. C’est tout mixé avec aussi des médocs pilés ou liquides mélangés dedans.

Parfois je suis anéanti. Est-ce que je vais récupérer ? Mon état va peut-être empirer ?

J’aurais préféré mourir que d’être comme ça. Et pour combien de temps ?

Mais heureusement il y a Sarah, et puis Cyril et quelques autres.

Tiens, dans quelques minutes on va m’emmener en kiné.

Là-bas c’est Valérie qui s’occupe de moi. Elle est un peu plus âgée que Sarah. Elle est vive souriante et a une de ces pêches !

Son visage, son attitude, ne sont que bienveillance et fermeté aussi. Elle est très pro. Elle me fait penser à ma grande sœur Cécile.

Elle me communique de l’espoir et j’ai envie de me battre pour ne pas la décevoir.

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

(◕‿◕)♡ Petit clin d’œil musical :

  1. Agnes Obel – Riverside
  2. London Grammar – Hey Now
  3. Woodkid – Run Boy Run

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#série #Sébastien #sérieSébastien #fiction #Noktiane


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Saaalut Séb

[Premier matin, première page : la voix de Sarah et la lumière ouvrent le monde de Séb.]

C’est vrai que j’aime la musique ! Je suis jeune mais je suis mal portant.

Il m’est arrivé quelque chose de pas cool. J’ai eu un accident. J’étais sur mon scooter à faire des embardées et de la roue arrière. J’ai pas capté assez tôt ces petits graviers de merde dans le virage et hop !

Ma tête a frappé la route ou un caillou. Je ne me souviens pas.

Je me suis retrouvé à l’hôpital.

Je ne peux plus parler, même pas avoir une expression du visage.

Je reste figé. Je ne peux pas bouger. Depuis combien de temps ça dure ? Je ne sais pas.

C’est le matin. J’entends que ça bouge dans les couloirs, des voix, des éclats de rire. C’est l’équipe du matin.

Ça va s’animer un peu. On va s’occuper de moi. J’espère que Sarah est là. Elle est cool avec moi. Les autres aussi sont sympas mais elle je la kiffe.

Le matin, c’est un vent de fraîcheur.

Je l’entends qui se rapproche. Elle parle dans la chambre à côté. C’est comme un chant d’oiseau du matin et le soleil se lève.

Ça y est la porte s’ouvre.

Saalut Séb ! Elle se dirige vers la porte vitrée, ouvre les rideaux et bing la lumière du jour. Et re-bing la plus belle des filles !

Sarah entrouvre la porte vitrée et ça caille un peu. Il n’y pas d’étage ici.

Je ne sais pas pourquoi elle fait ça mais c’est un rituel.

En passant devant le pied du lit, elle n’a pas pointé du doigt ma méga érection du matin. Elle en a vu d’autres.

Séb, tu préfères la télé ou la zic ? Je vais t’installer pour le petit déj.

Cyril tu peux venir m’aider ?

Cyril entre souriant. Je l’aime bien aussi. C’est Musclor mais tout en douceur. Il a toujours une petite vanne gentille , un petit clin d’œil.

À eux deux ils ont la technique pour me positionner pour le petit déj. L’adaptable est positionné devant moi

À tout de suite Séb pour le p’tit déj et les médocs. Sourire et clin d’œil de Sarah.

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

(◕‿◕)♡ Petit clin d’œil musical :

  1. London Grammar – Strong
  2. Porcupine Tree – Lazarus
  3. Radiohead – Street Spirit (Fade Out)

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#série #Sébastien #sérieSébastien #fiction #Noktiane


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Les mots de la fin

( C’est un de ces textes que j’avais mis de côté, puis oublié. En le relisant, j’ai eu l’impression de retrouver une part de moi-même, un peu fragile, un peu rêveuse. )

Sous ses pieds, les pavés de la petite rue le font tantôt légèrement trébucher, tantôt rebondir tendrement. Il est là, dans la rue, au milieu des autres, mais son esprit danse ailleurs. Les mots l’entourent, espiègles, bavards, jamais fatigués.

Eux ne voient qu’un vieil homme barbu, aux longs cheveux blancs et au regard bleu perçant. Personne ne semble le voir. Personne ne le calcule, ni ne songe à lui prêter attention. Mais lui, il se parle à lui-même, et il leur parle aussi, en silence.

Ils ne maîtrisent pas complètement leur langage corporel : leur mise vestimentaire, leur coiffure, leur démarche, leurs tatouages… Mais lui, il préfère les mots.

Il ne se paie pas de mots, non. Il les paie d’attention. Il les goûte, les fait rouler sous sa langue, mentalement. Avoir le dernier mot ? Pourquoi pas le premier, ou celui d’après ? Il sourit.

Le monde autour de lui, les passants, les vitrines, tout cela n’est qu’un décor en mouvement, une toile qui se déploie sans jamais vraiment exister.

Les mots, eux, sont bien réels. Ils ont du poids, de la texture, parfois même un parfum. Il les connaît depuis toujours, et eux le connaissent mieux encore.

Un enfant passe en courant. Courir après les mots ? Ils sont trop rapides.

Une affiche criarde : Trop de mots pour ne rien dire. Un passant l’effleure sans le voir. Lui aussi est un mot. Un mot oublié ?

Il continue. Il n’a pas froid, il n’a pas chaud. Il flotte un peu. Ses pieds avancent d’eux-mêmes. A-t-il trébuché ? Qu’importe.

Tout devient plus doux, plus léger. Les mots chuchotent autour de lui, comme une brise dans les feuillages. Ils l’enveloppent, l’accompagnent.

Plus de poids, plus de course. Juste ce glissement naturel, cette caresse du silence.

Il ferme les yeux. Et les mots, tendrement, l’emportent..


#mots #fiction #noktiane


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La tente Orange

Ils avaient mûrement réfléchi avant de mettre leur plan à exécution.

Leur problème ? La vieillesse.

D'abord, acheter une tente assez grande pour deux. Ils la voulaient voyante, facilement repérable. Pas de vert ni de camouflage. Lui en a trouvé une orange. Sa couleur préférée, en prime.

Ensuite, deux bons sacs de couchage capables de résister aux températures hivernales. Puis des matelas. Trouver l'idéal n'était pas simple, surtout avec leurs vieux dos douloureux.

Enfin, les sacs à dos. De quoi tout porter, avec le reste des accessoires. Ça commençait à peser lourd.

La destination ? Un coin de nature sauvage, quelque part en France. Plutôt dans la moitié sud. Peut-être bien le Nontronais.

Mars pointe son nez.

Bientôt, il sera temps de partir.

Lui veut passer l’été là-bas.

Les gens du coin s’habitueraient à ces deux campeurs insolites. Parfois, on les croiserait à la petite supérette du bourg.

L’été s’étire doucement, réchauffant leurs vieux os. Peu à peu, ils se font plus rares au village. Puis, ils disparaissent.

Pendant ces mois passés dans la nature, ils ont jeûné, perdu du poids. Avec leurs vêtements flottants, personne ne s’en est aperçu.

Un jour, ils ont cessé d’aller à la supérette. On les a un peu oubliés.

Puis vient la saison de la chasse.

Deux hommes du coin, fusils en bandoulière, repèrent une tache orange à quelques centaines de mètres.

— Ce serait pas la tente des deux petits vieux qu’on a vus cet été ?

— Tu crois qu’ils sont partis en laissant tout ça ?

— On va voir de plus près ?

Les chasseurs s’approchent, prudents.

— Ohé ? Il y a quelqu’un ? Vous savez que la chasse a repris ? Camper ici, c’est risqué maintenant !

Silence.

— On regarde à l’intérieur ?

— Ouais, vaut mieux. Soit ils ont laissé leur matériel, soit…

D’un geste lent, ils font glisser la fermeture éclair.

Là, dans le silence, deux corps immobiles, emmitouflés dans leurs sacs de couchage.

Ils ne dorment pas.

Au centre de la tente, une boîte en plastique transparente. À l’intérieur, un vieux téléphone à clapet et une lettre.

— Oh là, Adrien, touche à rien. Faut appeler les gendarmes.

Le cœur serré, les deux hommes comprennent. C’étaient eux, les petits vieux.

Adrien compose le numéro, la voix tremblante.

— On a trouvé… deux personnes décédées.

Les gendarmes arrivent vite. Ils prennent des photos, interrogent les chasseurs, examinent la boîte en plastique.

À l’intérieur, une lettre manuscrite.

L’officier la lit à voix basse. Tout s’éclaire.

Ils voulaient partir ainsi. Dans la nature, à l’abri des regards. Ils avaient cessé de s’alimenter, laissant leur corps s’éteindre doucement.

Ils ne voulaient pas finir dans un lit d’hôpital, dans une maison de retraite.

Comme ce vieux couple dans Titanic, allongé l’un contre l’autre, attendant la fin sans panique, dans un calme presque surnaturel.

Dans leur lettre, ils demandent pardon.

À ceux qui les ont découverts.

À leurs enfants.

Mais c’était mieux ainsi, écrivent-ils. Mieux que la déchéance.

Partir sans violence.

À leurs poignets, un bracelet en plastique blanc, comme ceux des hôpitaux.

Un prénom.

Un numéro de téléphone.

Inscrit à l’encre indélébile.

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

(◕‿◕)♡ Petit clin d’œil musical : Porcupine Tree – Lazarus


#nature #tente #fiction #Noktiane


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Manifeste du ralenti

[ ... Avancer lentement, ce n’est pas s’arrêter. C’est retrouver le fil de chaque geste, un à un...]

Avancer lentement, ce n’est pas s’éteindre.

C’est offrir à chaque geste sa pleine lumière.

Poser la main, saisir, relâcher : trois mouvements suffisent à remplir un monde.

Un café préparé, une marche dans le couloir, un tiroir qu’on ouvre.

Pas de précipitation, pas de multitâche.

Un seul pas, un seul geste, comme un écran qui charge une page à la fois.

La mémoire est saturée, la RAM trop pleine ?

Alors le système se protège, il ralentit.

Et dans ce ralenti, l’essentiel redevient visible.

Je suis là, dans ce temps étiré :

ni absent, ni perdu, mais présent autrement.

Chaque geste accompli devient une trace paisible sur la rive de ma journée.

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

🎶 Petit clin d’œil musical : voici les morceaux qui ont accompagné l’écriture de ce chapitre.

À écouter librement, selon vos envies, comme un écho en musique aux mots.


#écrit #RAM #système #noktiane


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