3 pistes pour financer le déficit public: la suite
Alors c'est quoi cette quatrième piste proposée dans le post précédent?
Elle repose sur un constat et un pari: la croissance des recettes publiques dépend fortement de celle du Produit intérieur brut (PIB), c'est à dire grosso modo de l'augmentation de la richesse produite par les habitants d'un pays pendant une année. Ce constat est le résultat d'un mécanisme dit “d'élasticité des dépenses publiques” qui est assez intuitif: plus un pays s'enrichit, plus les agents économiques (industries, ménages,..) payent des impôts associés à l'augmentation de leurs revenus et de leur consommation. C'est ce mécanisme qui a permis aux pays européens de développer un État protecteur (l'Etat “Providence”) financé grâce à la croissance rapide qu'ils ont connue après la 2ème guerre mondiale.
Or si la recette continue de fonctionner dans les pays à revenu intermédiaire, elle est moins efficace, lorsque la croissance diminue. Et elle est franchement hasardeuse lorsque la croissance est soutenue de manière artificielle. Nous l'avons appris à nos dépens, avec une dette qui s'est irrémédiablement creusée entre 2018 et 2022, comme l'expliquait le 9 sept 2024 le ministre démissionnaire des Finances Bruno Lemaire devant la commission d'Enquête de l'Assemblée nationale. En particulier la crise autour du COVID-19 a entraîné une baisse du PIB 7,5 %, et sa gestion a entraîné une augmentation de 12 points de la dette publique. A titre de comparaison la crise financière de 2008-2011 avait conduit à une baisse du PIB de 2,9 % et conduit à une augmentation de la dette de 25 points, celle-ci passant de 65 % du PIB en 2008 à 90 % à la fin de 2011. Sans oublier le bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité décidé au lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, qui a permis d'éviter les 15 % ou 20 % d'augmentation constatés chez nos voisins européens, mais à un coût de 55 milliards d’euros. Un dispositif complété par une loi pouvoir d’achat, adoptée en août 2022 au coût de 20 milliards d'Euros.
La croissance ne remplit donc pas toutes ses promesses et ses effets sur la pollution, et les émissions de gaz à effet de serre ont été trop longtemps ignorés. Pour autant, promouvoir son contraire sous la forme d'une décroissance est tout aussi illusoire. Car si notre richesse globale augmente peu ou même décroît, comment pouvons-nous satisfaire les besoins d'une population qui continue d'augmenter à un rythme d'un peu plus de 3% par an? Autrement dit: Comment concilier diminution de la richesse nationale et sa répartition plus juste au nom d'une écologie sociale alors que la population augmente plus vite que la croissance économique? (source Note INED)
Décidément ça fait trop de chiffres et de notions? Dans un dernier épisode, nous essayerons d'y voir clair sur combien nous dépensons vraiment.
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