CRANE lab

Research Center – Heterotopia, Acousmatic Music, Volumiphony, Action Art & Ethics of Arts

4 & 5 juillet @ CRANE lab https://linktr.ee/cranelab

The multidimensional sound-space hypothesis https://soundcloud.com/isabelle-de-mullenheim

Forêt primaire : un point d'entrée

De tout temps, la forêt a été un lieu dangereux, où on abandonne des enfants, il y a des sorcières, des monstres, des génies. Le mythe est ancré dans notre inconscient collectif et dans nos corps, une peur ancestrale qui nous saisit lorsque nous nous préparons à pénétrer dans ce lieu.

On se tient à l’orée, on l’envisage, du moins on essaie. On entend déjà au loin la composition de ses habitants, l’acoustique, son espace indéterminé.

Pour entrer dans une forêt primaire il faut être guidé, être initié car c‘est souvent un lieu grâce auquel on peut soigner. C’est un monde autonome où tout est mouvement, bruissements, frottements, on guette les oiseaux, la cime des arbres est inaccessible.

On se projette donc dans une inconnue. L’obscurité nous envahit, nos yeux essaient de distinguer des formes. On entre dans un espace intérieur. Ce que l’on voit est fugitif, le sonore est une multiplication de déplacements, il est composé d’écho, de mouvements fluides, d’autres percutants. La forêt est un lieu acousmatique par excellence, rien, de ce que l’on peut voir, n’est certain, l’origine d’un son est floue. On perçoit, on devine, on imagine. On voyage dans les différentes dimensions, en particulier celles de hauteur et de profondeur.

À force de s’enfoncer dans cette forêt primaire, on est absorbé, on se dissout pour mieux écouter, mieux sentir les strates de vie. Il faudrait devenir un assemblage d’humain, d’animal et de végétal pour s’y inclure tout à fait.

On a affaire à notre préhistoire, ce pourquoi persiste l’orientation à 360° des oreilles. Il nous faut réacquérir une acuité sonore fine afin de percevoir l’infiniment petit, le très ténu autant que le très lointain, le vague, l’indéfini. Car il n’y a que quelques coups d’éclats ponctuels, le fondement de l’espace sonore de la forêt primaire est un tissu, une trame qui contient ce qui la compose. Indissociables, les éléments jouent ensemble et nous apprennent que ce qui est primordial est l’interrelation des êtres.

4 & 5 juillet @ CRANE lab https://linktr.ee/cranelab « Rencontres Acousmatiques 2025 »

L'une des plus complète, et vivante, de toutes les représentations de l'espace sonore de la Terre est la forêt primaire. En composition sono-spatiale, les meilleures modélisations de celle-ci éviteront donc de l'encloisonnée dans les formes volumiques les plus simples. Pour aborder cette complexité, il faut nécessairement nous écarter de toutes pensées cartésiennes pour faire se cohabiter les séquences multicanales spacialisées. One of the most complete and living representations of the sound space of the earth is the primary forest. In the spatial sound composition, the best models of the latter avoid thereofore enclosing it in the simple volume forms. In order to take this complexity, we need to move away from thinking in terms of cohesion, so that spatialised multichannel sequences can coexist.

jeudi 3 juillet – Préambule

20h30 – diffusions

  • Jos SMOLDERS Textuur 4 16c (2024)
  • Gillian LEVER Brain Box 22c (2019)
  • Panayiotis KOKORAS Magic 32c (2010)
  • Jean-Marc DUCHENNE Toupies dans le vent 32c (2023-24)

vendredi 4 juillet

11h – table ronde
introduction : Gilles Malatray

Donner à entendre une luxuriance foisonnante telle la forêt et ses innombrables hors-champs dans un dispositif volumiphonique. Giving ear to a luxuriant abundance like the forest and its innumerable out-of-fields in a volumiphonic device.

16h – table ronde
introduction : Amir Teymuri

Construire des structures volumétriques sonores profondes au sein de constellations multicanales en introduisant différentes variations hétérophoniques dans les paramètres du son de chaque canal. Build deep volumetric sound structures inside multichannel constellations by introducing different heterophonic variations in the sound parameters of each channel.

20h30 – diffusions

  • Gilles MALATRAY « Un mythe de l’Écho » stéréo (2019)
  • Amir TEYMURI Warping Time in Search of Similarity 8c (2025)
  • Jaime REIS Fluxus, pas trop haut dans le ciel 16c (2017)
  • Isabelle de MULLENHEIM « Au-delà de l'Orée » 20c (2025)

samedi 5 juillet

11h – table ronde
introduction : Manolis Ekmektsoglou

Générer la granularité spatiale et ses trajectoires via des stratégies de mappages sonores utilisant la sonification des processus dynamiques, l’apprentissage profond (Deap Learning), l’affectation de neurones aux canaux de diffusion sonore, etc. Generate the spatial granularity and its trajectories via sound mapping strategies using sonification of dynamic processes, the Deep Learning, assignment of neurons to sound diffusion channels, etc.

16h – table ronde
introduction : Jean Voguet

Déterminer et superposer, jusqu’à l’infinitésimal, l’espace multicanal des masses sonores volumiques et de leur diffusion en se référant aux dimensions des géométries complexes des espaces multidimensionnels Determine and superpose, down to the infinitesimal, the multichannel space of volumic sound masses and their diffusion, with reference to the dimensions of the complex geometries of multidimensional spaces.

20h30 – diffusions

  • Julien GUILLAMAT Altitudes 8c (2024-25)
  • Manolis EKMEKTSOGLOU TrajSynth 32c (2024)
  • Yuko KATORI CONCERTINO for the Stari Most 32c (2025)
  • Jean VOGUET « Oneiroi » 32c (2025)

 

 

 


– Entrée libre pour toutes les tables rondes & diffusions -

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TrajSynth https://manolisekmektsoglousite.wordpress.com

In my recent work TrajSynth, created for 32-channel diffusion, I explore the use of artificial intelligence as a generative tool – not for producing entire sound materials directly, but for sonifying the dynamic numerical processes that AI methods inherently generate. These constantly evolving numbers, often ignored in mainstream AI-music platforms, carry a kind of latent energy that I find highly effective for sound creation.

Rather than relying on ready-made platforms that tend to produce superficial and derivative results, I focus on tapping into the internal workings of AI – extracting numerical data from within neural networks or training loops – and translating that into meaningful sonic gestures. This approach has proven more musically satisfying and opens up a broader expressive potential.

What makes this particularly interesting in a multichannel diffusion context is the scale : AI methods inherently generate massive amounts of data, and this aligns beautifully with the spatial complexity that a 32-channel diffusion system can support. In a way, the richness of the AI’s internal processes finds a natural counterpart in the spatial granularity of high-channel-count systems.

That said, technical limitations remain : for example, assigning one neuron to each channel would be an ideal mapping strategy, but it’s currently infeasible due to the immense computational demands. Nevertheless, the creative possibilities of using AI-generated trajectories as spatial and sonic material are vast – and I believe this is only the beginning.

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Variation as Volume https://teymuri.com

« Variation as Volume »

Composing the space is not a modern approach for musicians. From the late-Renaissance Venetian polyphonic school at St. Mark's Basilica, to Stockhausen's division of sound-groups in his three-orchestra piece Gruppen, to multichannel sound systems, which today “potentially” give the possibility of exploiting higher orders of polyphonic compositions.

I would like to introduce one possibility of working with multi-channel constellations to build deep sonic volumetric structures : Building volumetric depth into the performance space by introducing different variations in the parameters of sound in each channel. The simultaneity of a sonic gesture with its own variations in terms of sonority (notion of harmony), time (notion of polyphony), intensity (notion of depth), or all at the same time !

This idea was partly inspired by the practice of heterophony, which involves embellishing the same “musical playing” to generate different manifestations of the same playing, happening at the same time in different voices. Heterophony, which was mostly considered an ornamentation in many non-Western musical cultures, allows for the creation of multi-dimensional, complex “monophonic” sound. This, of course, implies crafting each voice/channel separately and manually.

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Dream of volumiphony https://campsite.bio/yukokatori

Dream of volumiphony

I am not a composer who have worked with multichannel for many years. It is only for the past several years, thanks to Jean Voguet, and coming to appreciate the system more and more.

What can I say, if I say more in this occasion ? There is, I would like to say that, the dream of creation for any composers who are interested in acousmatic and electronic music.

In what way, therefore, this could evolve from now on ? And how we define and redefine volumiphony ?

#volumiphony #MultichannelMusic #acousmatic #ElectronicMusic #AcousmaticMusic

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The multidimensional sound-space hypothesis https://linktr.ee/jeanvoguet

L’hypothèse des espaces sonores multidimensionnels

English version below

Dans un espace 3D, la variable du temps est indépendante des variables x,y,z à contrario d’un espace-temps 4D où elles sont liées entre elles – par la constante c – et considérées comme nécessaires pour déterminer complètement un phénomène.

Les espaces multidimensionnels (5D, etc.) aux géométries complexes sont silencieux, invisibles et inimaginables avec plusieurs, voir d’innombrables, dimensions déterminées par des vecteurs.

D’après les scientifiques de l’équipe du Blue Brain Project, il existe un univers multidimensionnel dans le cerveau humain. Celui-ci peut créer des structures jusqu'à 11 dimensions mais elles ne sont pas perçues au sens traditionnel car nous ne sommes pas capables actuellement d’imaginer un espace avec plus de 4 dimensions. Notre cerveau stockant ses souvenirs « peut-être dans une cavité multidimensionnelle » [^1], celle-ci serait de fait un espace latent.

En considérant une porosité probable de ces dimensions, tant dans leurs géométries complexes que par leurs contenus hétérogènes et comme : – Karlheinz Stockhausen qui pensait transformer les humains en êtres polyphoniques capables d’entendre (et de vivre) plusieurs mondes ou plans sonores à la fois ; – Giacinto Scelsi qui écoutait la matière sonore jusqu’à exister en elle, pour qu’elle devienne un milieu où il avait lieu d’être : « Il y a déjà dans ce son-là, tout le cosmos entier qui remplit l’espace. Tous les sons possibles sont contenus en lui. » [^2];

Il nous sera certainement possible un jour de percevoir jusqu’à l’infinitésimal certains espaces sonores multidimensionnels qu’évoquait déjà Gaston Bachelard [^3] dans sa conception plurielle d’un espace-temps jamais donné mais toujours à construire comme une superposition d’instants.

« Il faut inventer le cœur des choses, si l’on veut un jour le découvrir. », préconisait Jean-Paul Sartre [^4]

________________________________ [^1]: Selon Henri Markram, directeur du Blue Brain Project et professeur à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. [^2]: Giacinto Scelsi : Voir Les Anges sont ailleurs … – Arles, Actes Sud – 2006, p77 [^3]: Gaston Bachelard : Voir La Dialectique de la durée – Paris, Boivin – 1936 [^4]: Jean-Paul Sartre : Voir Situations, 1 – Paris, Gallimard – 1947, L’Homme ligoté

#volumiphonie #MusiqueMulticanale #multidimension #EspacesMultidimensionnels #GéométriesComplexes


The multidimensional sound-space hypothesis

In 3D space, the time variable is independent of the x,y,z variables, in contrast to 4D space-time, where they are linked together – by the constant c – and considered necessary to fully determine a phenomenon.

Multidimensional spaces (5D, etc.) with complex geometries are silent, invisible and unimaginable, with many, even countless, dimensions determined by vectors.

According to the scientists on the Blue Brain Project team, there is a multidimensional universe in the human brain. It can create structures in up to 11 dimensions, but these are not perceived in the traditional sense, as we are currently unable to imagine a space with more than 4 dimensions. Our brain stores its memories « perhaps in a multidimensional cavity » [^5], which would in fact be a latent space.

Considering the probable porosity of these dimensions, both in their complex geometries and in their heterogeneous contents, and as : – Karlheinz Stockhausen, who thought of transforming humans into polyphonic creatures capable of hearing (and experiencing) several sound worlds or planes at once ; – Giacinto Scelsi, who listened to sound matter to the point of existing within it, so that it became a milieu where he had a place to be : « There is already in this sound, the whole cosmos that fills space. All possible sounds are contained within it. » [^6];

One day, we will certainly be able to perceive, down to the infinitesimal, certain multi-dimensional sound spaces that Gaston Bachelard [^7] already evoked in his plural conception of a space-time that is never given, but always to be constructed as a superposition of instants.

« You have to invent the heart of things, if you ever want to discover it. » , said Jean-Paul Sartre. [^8]

________________________________ [^5]: According to Henri Markram, Director of the Blue Brain Project and Professor at the École Polytechnique Fédérale de Lausanne. [^6]: Giacinto Scelsi : See Les Anges sont ailleurs … – Arles, Actes Sud – 2006, p77 [^7]: Gaston Bachelard : See La Dialectique de la durée – Paris, Boivin – 1936 [^8]: Jean-Paul Sartre : See Situations, 1 – Paris, Gallimard – 1947, L’Homme ligoté

#volumiphony #MultichannelMusic #multidimension #MultidimensionalSpaces #ComplexGeometries

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The multidimensional sound-space hypothesis https://linktr.ee/desartsonnants

Hors-champs et espaces, de l’air entre les oreilles

Se promener en forêt, y tendre l’oreille, c’est découvrir combien de chants d’oiseaux, de cris d’animaux, nous parviennent sans pour autant que nous puissions en voir les sources. Une forêt est acoustiquement peuplée d’innombrables hors-champs. Elle nous offre un espace immersif, hautement acousmatique par définition, où nous entendons nombre de sons sans en voir les sources. Et pourtant, cette situation qui nous masque la majorité des êtres chantant, hululant, bramant, ne fait que renforcer la perception d’un espace où se déploient, se déplacent, mille et une sonorités.

Un exemple des plus séduisant est sans doute, au printemps, le moment de l’heure bleue, du Chorus Day, où la gente volatile dans sa quasi intégralité salue l’arrivée du jour, en s’affirmant comme occupants des portions de territoires, des espaces de nidification, des terrains où donner du syrinx. La plupart de ces acteurs volatiles restent cachés, hors de notre de notre espace visuel. Les chanteurs sont trop hauts perchés, trop embroussaillés, trop enforestés, dissimulés. L’oreille aguerrie les situe dans un paysage broussailleux, et parfois identifie les chants, et donc les chanteurs.

L’expérience malgache que, j’ai vécue il y a quelques années, n’a fait qu’amplifier cet effet de sidération, devant la multitude d’oiseaux, de lémuriens qui faisaient de la forêt un immense théâtre sonore exubérant, associé à un profond dépaysement. Ce fut la révélation d'une scène acoustique exotique, merveilleuse et un brin inquiétante, pour moi qui découvrais un univers bien loin de mes sentiers battus.

Les espaces acoustiques où, plus l’espace forestier est dense et peuplé, plus les hors-champs prennent de l’importance, et plus l’espace met l’oreille à contribution, fait que cette dernière a maille à découdre pour démêler un tissage sonore complexe, parfois aux limites de la saturation.

C’est dans ce bout de forêt malgache que, tendant oreilles et micros, je me suis posé la question de savoir si un compositeur, si doué soit-il, serait capable, non d’imiter ou de transmettre les ambiances, de donner à entendre cette luxuriance foisonnante, mais tout au moins de tenter d’en saisir et d'en transmettre l’atmosphère pour qui ne l’a pas vécu. Sans doute la tâche est redoutable, peut-être vaine, et la chose peut sembler impossible, si bien qu’il faille parfois y renoncer.

Le souvenir de cette complexité et richesse acoustique se suffira peut-être à lui-même. L'écoutant aura eu néanmoins, l’occasion de puiser des exemples de spatialisations inspirantes, latérales comme verticales. Il aura construit des volumes, sans même avoir à monter ces derniers, dans le sens d’une forme d’architecturale d'espaces sonores. Des volumes situés, en espaces et en temps, cela s’entend. Des espaces fluents, qui s’écoulent temporairement, autant que fluants, dans une sorte d’instabilité constante, de perpétuel changement, selon les lieux, les heures, les époques, les habitants, les événements …

L’expérience des hors-champs forestiers m'aura mis de l’air entre les oreilles, et ouverts des champs d’écoute parfois inouïs, à 360° ou presque, et qui plus est de droite à gauche, de près et de loin et de bas en haut.

« Rencontres Acousmatiques 2025 »

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vendredi 4 & samedi 5 juillet

Créer l'espace multicanal des masses sonores volumiques

L'une des plus complète, et vivante, de toutes les représentations de l'espace sonore de la Terre est la forêt primaire.

En composition sono-spatiale, les meilleures modélisations de celle-ci éviteront donc de l'encloisonnée dans les formes volumiques les plus simples.
Pour aborder cette complexité, il faut nécessairement nous écarter de toutes pensées cartésiennes pour faire se cohabiter les séquences multicanales spacialisées.

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Creating multichannel space for volumic sound masses

One of the most complete and living representations of the sound space of the earth is the primary forest.

In the spatial sound composition, the best models of the latter avoid thereofore enclosing it in the simple volume forms.

In order to take this complexity, we need to move away from thinking in terms of cohesion, so that spatialised multichannel sequences can coexist.

#cranelab #acousmatic #acousmatique #AcousmaticMusic #MusiqueAcousmatique #MultichannelMusic #MusiqueMulticanale #volumiphony #volumiphonie