[ Ce poème avait été écrit par mon père, dans le sud-est de la France, après un terrible incendie non loin de chez nous. ]
Il pleuvait. Les nuages étaient très bas.
L'horizon bouché ne parvenait pas à cacher
Les squelettes dont la vie avait été arrachée
Par la tornade rouge qui avait mené le combat.
On pouvait s'élever à l'infini vers la crête là-bas,
Sans être le moins du monde gêné pour marcher,
Par la végétation qui n'avait pas eu à sécher,
Disparue en fumée au cours de ce branle-bas.
Les troncs calcinés, trempés par la pluie battante,
Se hissaient, implorants, comme dans l'attente
D'un secours qui ne viendra pas, plus jamais.
La forêt incendiée est devenue un grand cimetière
Où les croix d'aujourd'hui sont les arbres d'hier
Et dont les tombes ne seront plus fleuries désormais.