Le âbudgetâ, notre affaire Ă tous.
Peut-ĂȘtre pouvons-nous commencer avec quelques dĂ©finitions pour nous permettre de parler de la mĂȘme chose?
Les comptes publics comprennent le #budget de lâensemble des administrations publiques: LâĂtat et les organismes divers dâadministration centrale, les administrations de SĂ©curitĂ© sociale et les administrations publiques locales, qui regroupent les rĂ©gions, les dĂ©partements, les communes et les groupements de communes.
Le dĂ©ficit budgĂ©taire dĂ©signe seulement le dĂ©ficit du budget de lâĂtat.
Mais celui concernĂ© par les rĂšgles europĂ©ennes applicables aux pays de la zone euro, et surveillĂ© par les agences de notation, c'est le dĂ©ficit public au sens du traitĂ© de Maastricht, qui dĂ©signe: * Le dĂ©ficit de lâĂtat auquel on ajoute * Celui de toutes les administrations publiques, * De la SĂ©curitĂ© sociale et * Des collectivitĂ©s locales.
Ce dernier #déficit doit rester sous la barre des 3 % du PIB. (Source dossier Finance pour tous)
IntĂ©ressons-nous dans cet Ă©pisode au seul budget de l'Ătat auquel nous contribuons tous, pour sa partie recettes, mais dont nous bĂ©nĂ©ficions Ă©galement pour sa partie dĂ©penses. Pour une plus grande lisibilitĂ©, les montants sont arrondis au milliard d'Euros.
Quelles sont les recettes nettes inscrites sur le budget de l'Ătat ?
Les recettes nettes(°) pour 2025 Ă©taient estimĂ©es au moment du vote de la Loi de finances initiales (LFI), le 14 fĂ©vrier 2025, Ă 376 milliards dâEuros (MMâŹ) avant prĂ©lĂšvements sur recettes constituĂ©s par les versements Ă lâUnion europĂ©enne et aux collectivitĂ©s locales, pour un montant total de 68 MMâŹ.
AprÚs déduction de ces versements, les recettes destinées au financement des dépenses de l'Etat, étaient donc estimées à 308 MM⏠pour 2025.
Les recettes du budget de l'Etat proviennent Ă 93% (349 MMâŹ) des recettes fiscales. Il sâagit par ordre dâimportance: * des ImpĂŽts sur la consommation : la Taxe sur la Valeur AjoutĂ©e (TVA 101 MMâŹ) et de la Taxe IntĂ©rieure de Consommations sur les Produits ĂnergĂ©tiques (TICPE 16 MMâŹ), * des prĂ©lĂšvements sur les revenus: lâimpĂŽt sur le revenu (IR 95 MMâŹ) et lâimpĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s (IS 53 MMâŹ), * Enfin de diffĂ©rents revenus (84 MMâŹ) constituĂ©s autour de lâimpĂŽt sur les bĂ©nĂ©fices industriels et commerciaux (BIC) auxquels sâajoutent des impĂŽts sur la propriĂ©tĂ© et le capital: taxe fonciĂšre prĂ©levĂ©e par les collectivitĂ©s territoriales, impĂŽts sur les plus-values (immobiliĂšres et mobiliĂšres), l'impĂŽt sur la fortune immobiliĂšre (IFI) et les droits de mutation lorsqu'un bien change de propriĂ©taire (enregistrement, donation, succession..).
Les derniĂšres contributions au budget de l'Etat proviennent des recettes dites ânon fiscalesâ(21 MMâŹ) issues des revenus du patrimoine de lâĂtat, de son activitĂ© industrielle et commerciale et de la rĂ©munĂ©ration ses services rendus, la redevance audiovisuelle par exemple pour avoir accĂšs aux chaĂźnes publiques de radio et tĂ©lĂ©vision, ainsi que des fonds dits âde concoursâ qui permettent Ă des collectivitĂ©s communales ou intercommunales de prendre part Ă un projet qui ne relĂšve pas directement de leur sphĂšre de compĂ©tences.
Souvenons-nous que les recettes anticipées pour la fin de l'année ont été évaluées en Février 2025 . A la fin du mois d'août 2025, les recettes effectivement encaissées par l'Etat, fiscales et non fiscales s'élevaient à 216,3 MM⏠alors qu'elles étaient de 205,2 à la fin août 2024 (Source Plateforme des finances publiques, Direction du Budget, MinistÚre de l'Economie.)
Et du cÎté des dépenses?
Pour 2025 le plafond autorisĂ© pour ces dĂ©penses nettes est de 439 MM⏠auxquels s'ajoutent les 6 MM⏠de fonds de concours (identiques aux recettes), soit 445 MMâŹ.
Depuis lâintroduction de la Loi Organique relative aux Lois de Finance (LOLF) en 2006, les dĂ©penses du budget sont organisĂ©es en missions, dĂ©taillĂ©es dans la Loi de finances. Pour 2025 il y en a 33 dont les 10 les plus importantes reprĂ©sentent Ă elles seules 85% des dĂ©penses totales: * L'enseignement scolaire avec prĂšs de 89 MM⏠ce qui reprĂ©sente 20% de la dĂ©pense totale prĂ©vue pour 2025, * La DĂ©fense, (14%), suivie de prĂšs par les Engagements financiers de lâĂtat (13%) * La Recherche et l'enseignement supĂ©rieur (7%) au mĂȘme niveau que la SolidaritĂ©, l'insertion et l' Ă©galitĂ© des chances (7%), * les SĂ©curitĂ©s (6%), la CohĂ©sion des territoires (5%), l'Ăcologie, dĂ©veloppement et mobilitĂ© durables (5%), le Travail et l'emploi (5%), la Justice (3%).
Les autres missions sont regroupĂ©es autour de * la Gestion des finances publiques, *des RĂ©gimes sociaux et de retraite, * du Plan Investir pour la France de 2030, * de l'Administration gĂ©nĂ©rale et territoriale de lâĂtat, * de l'Aide publique au dĂ©veloppement, * de l'Agriculture, l'alimentation, la forĂȘt et les affaires rurales, * des Relations avec les collectivitĂ©s territoriales, * de la Culture, l'Ăconomie, l'Action extĂ©rieure de lâĂtat, * des questions relatives Ă l'Outre-mer, l'Immigration, l'asile et l'intĂ©gration, * des Anciens combattants, de la mĂ©moire et du lien avec la Nation, * du Sport, de la jeunesse et de la vie associative, * de la SantĂ© (en dehors des dĂ©penses de sĂ©curitĂ© sociale comptabilisĂ©es sur un budget sĂ©parĂ©), * des Pouvoirs publics, de la Direction de lâaction du Gouvernement, du Conseil et du contrĂŽle de lâĂtat, * de la Transformation et la fonction publiques, * des MĂ©dias, du livre et des industries culturelles. En fin de classement par ordre d'importance, on trouve les crĂ©dits non rĂ©partis qui servent gĂ©nĂ©ralement Ă faire face Ă une urgence.
Nous invitons le lecteur attentif à poursuivre l'exploration de ces différentes lignes à l'aide du document budgétaire librement accessible (en ligne.)
La différence entre les deux , ici un déficit puisque les dépenses sont plus importantes que les recettes s'élÚverait à 137 MM⏠(308-445) en fin d'année 2025: elle correspond aux dépenses qui ne seront pas financées par les recettes de l'Etat.
Et ces fameux âCadeauxâ, oĂč sont-ils?
A la premiĂšre lecture des documents budgĂ©taires, un chiffre du cĂŽtĂ© des dĂ©penses saute aux yeux : Avec un montant de 148 MMâŹ, supĂ©rieur au budget consacrĂ© Ă l'Ă©ducation, la mission âRemboursements et dĂ©grĂšvementsâ attire toutes les convoitises. Malheureusement, comme le prĂ©cise la Cour des Comptes, cette mission ne reprĂ©sente pas une vĂ©ritable dĂ©pense mais seulement du remboursement par l'Etat de montants qui ne lui sont pas dĂ»s.
Rembourser des montants qui ne sont pas dus Ă l'Etat, c'est une blague?
Non, et c'est finalement assez simple : l'Etat prélÚve à la source une partie de ses recettes fiscales, sans attendre le calcul officiel de l'impÎt effectivement dû. Celui-ci sera calculé en fonction de l'activité déterminée à la fin de l'année. Il s'ensuit que les montants reçus par l'Etat pendant l'année ne peuvent pas correspondre à ceux à collecter qui ne seront calculés qu'aprÚs aprÚs la fin de l'année 2025.
Imaginons que l'un d'entre nous perde son travail et concomitamment une partie de ses revenus: son impĂŽt pour 2025 aura Ă©tĂ© prĂ©levĂ© Ă la source pendant une partie de l'annĂ©e pour une somme qu'il n'aura finalement pas touchĂ©e. Ăa n'est pas juste, l'Etat prĂ©voit donc de rembourser le trop perçu. Le mĂȘme schĂ©ma est applicable pour les entreprises pour les versements qu'elles doivent faire Ă l'Etat.
Alors pourquoi faire miroiter des recettes qui n'en sont pas vraiment et présenter une dépense qui n'en est pas une non plus?
Suivant un principe d'orthodoxie comptable, le document du budget fera apparaßtre (du cÎté des recettes) les montants bruts, qu'il prévoit d'encaisser et (du cÎté des dépenses) les remboursements qu'il prévoit de faire sur le trop perçu.
(°) D'oĂč l'importance de mentionner les recettes nettes de l'Etat qui correspondent Ă lâensemble des recettes brutes du budget gĂ©nĂ©ral minorĂ©es des remboursements et dĂ©grĂšvements dâimpĂŽts dâĂtat (Voir la note sous l'Ă©tat B, mission « Remboursements et dĂ©grĂšvements », programme 200.)
Encore un point pour bien comprendre: qu'y a -t-il derriĂšre ces engagements financiers de l'Etat?
Cette mission reprĂ©sente la troisiĂšme mission par ordre d'importance dans la partie dĂ©penses du budget de l'Etat. Elle a fait l'objet, fin 2024 d'un rapport spĂ©cial de l'AssemblĂ©e nationale qui prĂ©cise les six programmes derriĂšre cette mission: * Les programmes 145 (Epargne), 344 (Fonds de soutien aux prĂȘts et contrats structurĂ©s Ă risque) et 114 (Appels en Garantie de l'Ătat) reprĂ©sentent une part marginale de cet engagement: 0,2%, 0,3% et 1,6% respectivement du total inscrit sur cette mission. * Le programme 355 (Charge de la dette de SNCF RĂ©seau) reprĂ©sente pour sa part 1,1% du total. * Le programme 369 (Amortissement de la dette liĂ©e Ă la COVID 19) reprĂ©sente 8,4% du total . * Enfin le programme 117 (Charge de la dette et trĂ©sorerie de l'Etat) reprĂ©sente Ă lui seul 88,4% du total inscrit sur cette mission.
Ce dernier programme est destiné à financer le coût de la #dette contractée par la France pour financer les dépenses qu'elle n'a pas pu payer à l'aide de ses recettes. Un montant qui va croissant comme nous le verrons dans un prochain épisode.