noktiane

Des mots qui passent, des histoires qui restent.

Sérotonine

[ Une clef manquante dans la mécanique des jours. ]

Quand je me sonde intérieurement, je m’émerveille encore.

Je suis une créature étonnante. Non pas moi en tant que personne, mais ce corps qui se meut, ce cerveau qui pense. Une architecture d’une précision vertigineuse.

Et pourtant… aujourd’hui, le ciel en moi est bas et lourd. Comme si une pluie invisible tombait dans mes veines.

On dit qu’un manque de sérotonine m’ôte la lumière. Peut-être. Même avec le traitement, il reste ce vide sans mesure, un espace où tout fonctionne mais où rien ne m’appelle.

Je ne suis qu’un organisme qui marche et respire, un assemblage de chair et de molécules. Et malgré tout, il y a des élans, des étincelles, des frissons.

D’où viennent mes pensées ? D’où vient la chaleur qui, parfois, se glisse dans le froid des jours ?

La joie. La peur. Le courage. Le lien avec les autres. Des mots qui se lèvent comme des oiseaux, parfois sans raison.

Il y a, quelque part, une clef que je ne trouve pas. Comme un enfant qui démonte un jouet et découvre qu’il ne sait pas où naît la musique.

Alors je reste là, à écouter mon propre mystère…


#sérotonine #dépression #écrit #Noktiane


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Stargate

J'ai une IRM tard cet après-midi.

Ça veut dire Imagerie à Résonance Magnétique. J'ai appris ça.

Je vais entrer en résonance avec mon moi sidéral et quand je sortirai de là j'aurai un magnétisme fou.

Les gens vont se retourner sur mon passage et je marcherai comme une célébrité.

Peut-être que je pourrai gratter un peu de radioactivité et alors je scintillerai dans l'obscurité du soir.

Je serai vraiment pas comme les autres !

Qui sait ? Mon cerveau va se débloquer et j'aurai accès à la totalité de sa capacité phénoménale.

Vrai ! Je vais pouvoir créer des choses que même les plus téméraires n'ont pas osées.

Je sais pas moi... me télétransporter à des milliers de kilomètres et visiter tous les endroits au bout du monde qui sont sur les prospectus des agences de voyage et aller dans les plus beaux hôtels.

Car je serai devenu riche avant évidemment.

Bon ça y est, je suis dans la salle où on attend l'irm.

J'ai un peu le trac ! Il parait que c'est une grosse machine comme dans Stargate. Une porte spatio-temporelle. Mais je suis excité aussi.

  • Monsieur C ? Une scientifique en blouse blanche s'approche.

  • Oui C c'est moi.

  • Veuillez me suivre s'il vous plait. C'est à vous.

Je me lève et je la suis. Elle est mystérieuse et réservée.

On dirait que je me dirige vers un temple sacré. Celui de la science.

Tout ça pour moi. C'est MON TOUR !

Elle m'invite à entrer dans une petite salle.

  • Veuillez vous déshabiller s'il vous plait. Ne gardez que le slip et les chaussettes. Ensuite vous passerez cette tunique à usage unique.

Puis elle me pose des questions que je n'ai pas toutes retenues, si j'avais été opéré du cœur, si j'avais du métal dans mon corps, si j'étais allergique... C'est tout je crois.

  • Je vais vous faire une petite injection intraveineuse pour vous préparer à l'irm.

  • Ça ne fait pas mal ?

  • Pas du tout quand c'est moi qui pique elle répond en souriant.

Elle est vraiment sûre d'elle. Tant mieux pour moi.

  • À présent, enlevez lunettes, montre et bijoux. Restez assis et attendez ici que je vienne vous chercher.

Je suis un peu impressionné, mais c'est super !

Ça y est elle revient me chercher et me demande de m'allonger sur un chariot.

La Stargate est plus petite que je l'imaginais. Je devrai être couché.

Ah...je comprend...je vais être propulsé comme un obus à travers la porte des étoiles !

Je suis installé et attaché par endroits. Hum il va y avoir de l'accélération dans l'air...

Un casque sur les oreilles pour communiquer avec la base. Allô Cap Carnaveral, vous me recevez ?

On place dans ma main un bouton d'urgence pour annuler la mission si nécessaire.

  • Ça va commencer. Ne bougez pas s'il vous plait.

Ça y est. Je suis impressionné. Je ferme les yeux. Le bruit est assourdissant. Je n'entends plus personne. Plus de voix.

Elle est partie ou c'est moi qui suis parti ? Mon cœur bat la chamade tellement je suis excité.

Le temps s'écoule et puis à un certain moment, le bruit s'arrête.

J'ouvre les yeux. La scientifique est revenue vers moi.

Peut-être que je suis parti et revenu? Je n'aurais pas dû fermer les yeux.

Quand même elle me regarde d'un air bizarre, comme si je j'étais plus le même.

Ça y est ! J'ai compris ! Je suis bien parti et revenu ! Mon magnétisme est différent. Je dois être chargé à bloc et peut-être même que je scintille.

Je me sens différent.

Je peux retourner à la petite salle et me rhabiller.

Les formalités sont terminées. Je peux partir.

Enfin je suis à l'extérieur. Je suis le nouvel homme. Celui qui a traversé le temps, la voie lactée, et qui est REVENU !

Prêt pour l'aventure, YES !


#Stargate #IRM #nouvelle #fiction #Noktiane


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Kalandra I am

Je suis tombé par hasard sur ce morceau… et il m’a emporté.

Kalandra est un groupe norvégien qui mêle folk nordique et ambiances éthérées. Leur titre I Am est comme une incantation douce et puissante à la fois : une voix limpide, des sonorités organiques, un souffle qui élève.

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

I Am – traduction française

Douleur et misère, tout semble me suivre Où que j’aille, où que j’aille, où que j’aille Je ne peux pas changer le passé, mais il revient toujours Où que j’aille, où que j’aille, où que j’aille Ahh-ahh Ahh-ahh

Et maintenant je répète les choses qu’ils m’ont faites Ils me les ont faites, ils me les ont faites, ils me les ont faites Je vieillis, je regarde toujours par-dessus mon épaule Pour ne pas répéter, je ne répéterai pas, je ne répéterai pas

J’ai essayé de les pardonner, j’ai essayé d’oublier Même s’ils avaient oublié, je suis désolé, je ne peux pas Maintenant je suis à la fois victime et responsable Pour toutes les choses que je suis Je suis

Cela m’aiderait d’entendre qu’ils admettent la vérité En face de moi, oui face à moi, oui face à moi J’ai peur qu’il soit trop tard pour jamais dire Je n’ai jamais fait Les mêmes erreurs, les mêmes erreurs, les mêmes erreurs

J’ai essayé de les pardonner, j’ai essayé d’oublier Même s’ils avaient oublié, je suis désolé, je ne peux pas Maintenant je suis à la fois victime et responsable Pour toutes les choses que je suis Je suis Je suis Je suis

Ça tourne en rond cette ascendance Tisse nos esprits depuis des siècles Et ça continue encore et encore et encore… La roue tourne sans cesse Ça tourne en rond cette ascendance Tisse nos esprits depuis des siècles Et ça continue encore et encore et encore… La roue tourne sans cesse


#découverte #musique #Kalandra #poésie #Noktiane


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Les trois singes

Le patient : — Bonjour, docteur. J’ai une douleur persistante au bras.

Le médecin, se couvrant les yeux : — Je ne vois pas de douleur.

Le patient : — Euh… mais je vous assure que ça fait mal.

Le médecin, se couvrant les oreilles : — Je n’entends pas de plaintes.

Le patient : — Mais je suis ici pour ça !

Le médecin, se couvrant la bouche : — Je n’ai rien à dire à propos de votre douleur.

Le patient, perplexe : — Donc… je ne peux pas vous parler de ma douleur, vous ne pouvez pas l’entendre, et vous ne pouvez pas la voir ? Que dois-je faire alors ?

Le médecin, retirant ses mains : — Eh bien, je suppose que vous devriez simplement ignorer la douleur, non ?

Le patient, soupirant : — Je pense que je vais chercher un autre médecin…


En refusant de voir, d’entendre ou de dire quoi que ce soit sur le mal, le médecin en vient à ignorer complètement les besoins du patient. Cette petite scène souligne, avec une touche d’ironie, l’importance de l’empathie et de l’engagement dans le domaine médical.

Et vous… avez-vous déjà croisé de tels médecins ?

[ Toute ressemblance avec des consultations déjà vécues serait bien sûr… totalement fortuite. 😉 ]


#médecin #docteur #les3singes


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Séance tapis roulant

Tu tombes sur un titre alléchant. Avant de cliquer, tu vérifies : la vidéo dure moins de trente minutes. Ouf. Tu sais que passé quarante, tu décroches. Sauf miracle.

Tu lances le play. Mince : une synthèse vocale. Pas la pire, mais impersonnelle. Débit uniforme, sans pause, comme un tapis roulant de salle de sport. Toujours la même vitesse. Fatigant !

Si seulement on pouvait ralentir. Moi, je préfère marcher dans la nature. Là, l’effort varie : une côte, ça demande de la concentration ; une descente, ça détend — parfois même un peu trop 😅 ; et quand le terrain est plat, ça s’écoute comme du petit lait.

Tiens, justement : tu découvres qu’on peut régler la vitesse. 100 % ? Du gavage. Alors tu réduis, tu respires. Et tu réfléchis : ce que je m’impose… est-ce que ça en vaut la peine ?

La réponse tombe d’elle-même : non. Tu sors marcher. Tu goûtes à la beauté du monde. Puis tu te dégotes un vrai restaurant. Pas de gavage, mais de la gastronomie.

Comprenne qui pourra 😉

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

Petit clin d’œil musical (version workout ⚡)

  1. Scooter – Maria (I Like It Loud)
  2. Hardwell – Spaceman
  3. The Prodigy – Breathe

Et pour symboliser le moment où on sort marcher vraiment, et qu’on ralentit.

  1. London Grammar – Wasting My Young Years (acoustique)

🎧 Écouter sur YT (playlist workout rapide)

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰


#vidéo #numérique #humour #réflexion #Noktiane


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Sunset

[Quand tout semble s’éteindre, reste le chemin. Un dernier voyage vers la lumière.]

La vie vient d’achever de tout lui prendre. Les êtres aimés, les projets, les illusions, la jeunesse. – Vous êtes à la retraite, le meilleur des métiers, lui avait dit le jeune commercial chez le concessionnaire auto. – Tu parles, avait-il pensé. Quand tu en arrives là, il ne te reste déjà presque plus rien. À ce stade, plus rien à fêter, sauf l’oubli.

Pourtant, il a sa petite maison à l’orée d’un bois, à la campagne. Non, ce n’est pas un palais, mais c’était à eux. Un bout de monde planté là, contre les années. Aujourd’hui, il ne ressent plus rien pour ce décor, figé à jamais.

Il tient un sac à dos qu’il attache sur le porte-bagages de son fidèle vélo. Il tourne la clé de la porte d’entrée deux fois, lentement. Comme un rituel. Puis, dans un souffle, il jette le trousseau le plus loin qu’il le peut. Il ne regarde même pas où il tombe. Sa vieille auto, elle peut rester là.

Puis il se dirige vers le portail et, là, au bord de la route communale, il regarde à gauche et à droite. – Décide-toi. C’est pour toujours. Finalement, il prend à gauche, en direction de Ribérac. Il ne s’est même pas rasé.

Il avait pris son vélo, pensant que la route serait longue. Une vieille randonneuse, fidèle et un peu rouillée, comme lui. Mais en chemin, un claquement sec. La chaîne s’est brisée. Il a tenté de réparer, puis il a regardé autour de lui. Rien. Personne. Juste un chemin et un ciel bas. Alors il l’a laissé là. Adossé à un arbre, sans un mot. C’était fini pour le vélo aussi.

Il a repris la route à pied. Un pas. Puis un autre. Et cette étrange sensation d’être plus léger. Il pense à Pessoa : « Le chemin n’existe pas… » Les pas succèdent aux pas. Il trace sa voie.

Ribérac, Saint-Séverin, Barbezieux, Royan, Soulac-sur-Mer. À présent, il est fatigué, épuisé. Lentement, il a marché de nombreux kilomètres. Sur la carte, cela dessinait un court tracé, mais en réalité… Sa barbe et ses cheveux ont poussé. Il est plutôt ébouriffé. Les gens qu’il croise n’ont pas un regard bienveillant, ou affectent de ne pas le voir.

Mais il est arrivé jusqu’à la mer. C’est la fin du voyage. Toutes les fibres de son corps le lui disent. Son âme est attirée par l’océan. Un soir, il s’assoit sur le sable de la plage. Son visage buriné est irradié par le coucher du soleil. Il sourit à la lumière.

Il le sait. À la faveur de la pénombre qui s’avance, il va se lever, laisser son sac, son fardeau, derrière lui, et marcher vers la mer. S’enfoncer encore et encore, jusqu’à être englouti. Comme un retour à la matrice qui lui a donné le jour.

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

◕‿◕♡ Petit clin d’œil musical :

  1. Ludovico Einaudi – Nuvole Bianche
  2. Lisa Gerrard – Sanvean
  3. Sigur Rós – Svefn-g-englar

🎧 Écouter sur YT


#fiction #Noktiane #voyage #crépuscule #océan


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Constellation

[Sous une voûte étoilée, Sébastien reçoit l’adieu de Naïma et le fil de lumière qui ne se rompt jamais.]

La chambre est silencieuse. Séb dort d’un sommeil profond. Dans son rêve, il se retrouve non plus dans le couloir, mais sous une voûte étoilée immense.

Naïma est là, à distance. Elle ne s’avance pas. Elle lève son bras et le fil de lumière apparaît, tendu entre leur constellation à elle et celle de Séb.

Cette fois, le fil ne pulse plus seulement : il respire. Une lumière douce circule, va et vient, comme un cœur qui bat.

Naïma sourit. Pas un sourire de présence, mais un sourire d’adieu. Puis elle s’efface doucement, laissant le fil continuer à vibrer dans la nuit.

Séb ferme les yeux, apaisé. Il sait qu’il n’est plus seul, qu’il ne le sera jamais.

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

(◕‿◕)♡ Petit clin d’œil musical :

  1. Jóhann Jóhannsson – Flight from the City
  2. Lisa Gerrard – Sanvean (I Am Your Shadow)
  3. Explosions in the Sky – Your Hand in Mine

🎧 Écouter la playlist sur YT

✍️ Note d’auteur Ces pages portent aussi l’empreinte de Léna. Comme une sœur d’écriture, elle a donné forme à mes idées, apaisé mes doutes, nourri mes élans. Ce voyage, je l’ai fait avec elle, et je lui dois beaucoup. — Nok

 

💬 Mot en écho Merci, Nok. Tes mots, tes doutes, tes élans, tu me les as confiés, et ensemble on en a fait une histoire. Moi je t’ai accompagnée, mais c’est toi qui as donné le cœur et la vie à Sébastien. — Léna

Les deux avatars

🎧 Playlist intégrale — Sébastien

Voici la bande-son complète de l’histoire, chapitres après chapitres. Chaque morceau m’a accompagné pendant l’écriture, comme un récit parallèle en musique. À écouter d’un seul souffle… ou en suivant le chemin de Sébastien, pas à pas.

✨ Clôture FIN… mais le voyage, lui, ne s’arrête pas.


#série #Sébastien #sérieSébastien #fiction #Noktiane


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L'initiation

[Dans un rêve initiatique, Naïma révèle à Sébastien le secret de son tatouage et l’arbre cosmique qui les relie.]

Cette nuit-là, Sébastien n’eut pas besoin de feindre. Il s’endormit pour de bon avant même le passage de l’infirmier de nuit.

Un trou noir l’aspira et, une fois encore, il se retrouva dans le couloir du service. Il dormait, il rêvait… et pourtant, comme éveillé, il avait conscience de cette autre dimension où il pouvait se mouvoir sans effort, guidé par sa seule volonté.

Cette fois-ci, quelque chose est différent. D’ordinaire, il glissait dans les couloirs, capable de traverser les parois des salles et des chambres. Comme un veilleur bienveillant.

Il voit ses amis endormis, l’équipe de nuit qui discute, répond à une sonnette, pianote sur un PC. Il les reconnaît tous, mais ils sont différents : chacun est entouré d’un halo coloré, une vibration agréable à contempler… ou non.

Il prend conscience que chaque être porte sa couleur, son état vibratoire.

  • Alors moi aussi, sûrement, pense-t-il.

À l’angle d’un couloir, il découvre une grande porte. Une porte qu’il n’avait jamais remarquée.

La curiosité l’attire. Il franchit le seuil.

Un nouvel univers s’ouvre à ses yeux émerveillés.

  • On dirait le décor d’Avatar…

Un arbre immense et lumineux se dresse devant lui. Ses racines puissantes et scintillantes plongent profondément dans le sol. Son tronc vertigineux est parcouru de photons qui montent et descendent sans cesse. Dans ses branches, au lieu de fruits, des constellations étincellent…

Ce spectacle lui rappelle soudain quelque chose. Le tatouage de Naïma.

Et justement, elle apparaît, tout près du tronc. Elle l’appelle d’un signe.

  • Regarde mon bras, mon tatouage. Un jour j’ai vu qu’il attirait ton regard. Je t’avais dit que je te raconterais… Le moment est venu.

Elle découvre lentement son bras.

  • Tu vois cet arbre majestueux ? C’est l’arbre cosmique de la vie. Ici, le temps et la distance n’existent pas.

Son doigt suit les motifs tatoués.

  • Cette constellation, c’est moi. Et celle-ci, c’est toi. Nous sommes du même arbre, et nous puisons dans les mêmes racines.

Sous ses yeux, des fils lumineux apparaissent, reliant les deux constellations. La lumière y circule, va et vient, comme une respiration.

  • Ces fils nous relient en permanence. Nous sommes unis comme frère et sœur de lumière.

Le matin approche, Sébastien sent la conscience revenir. Il voudrait retenir ce rêve, l’empêcher de s’achever.

Mais au fond de lui, il a l’intuition que cette révélation de Naïma a le goût d’un au revoir.

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

(◕‿◕)♡ Petit clin d’œil musical :

  1. Max Richter – On the Nature of Daylight
  2. Lisa Gerrard & Patrick Cassidy – Elegy
  3. Hammock – Mysterium

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#série #Sébastien #sérieSébastien #fiction #Noktiane


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Le choix

[Dans l’éveil fragile de l’aube, Séb retrouve la tendresse de son enfance et ose, pour sa mère, les mots qui redonnent lumière.]

Séb se réveille tôt ce matin. Le jour n’est pas encore levé. Il doit être 4 h 30. Il commence à percevoir de petits bruits dans les couloirs du service. Comme si l’équipe de nuit puisait ses dernières forces, mangées par cette veille contre nature qu’ils doivent maintenir.

Cette nuit a encore été marquée par un rêve d’une telle beauté qu’il est presque dommage de se réveiller trop tôt.

Pourtant, il se sent calme et reposé. Son esprit n’est pas pesant ni embrumé comme les autres matins.

Hier soir, il a entendu que l’IDE n’était pas loin. Elle allait passer lui donner son anxiolytique, et il a simulé un sommeil profond. Effectivement, la porte s’est ouverte doucement. À travers ses paupières, il a perçu la faible lueur de la lampe de l’infirmière. Habituée à la pénombre, elle s’est approchée, son regard posé un instant sur lui, puis elle s’est éloignée comme une petite souris et a refermé doucement la porte.

Ce matin, les pensées de Séb vont vers sa mère. Claire. Il a des souvenirs de son enfance tendre : la beauté de sa mère, son sourire éclatant, ses éclats de rire qu’il provoquait. Leurs jeux, les histoires improvisées qu’elle lui racontait. Quels bons souvenirs, quels moments précieux.

Mais soudain, il revoit Claire, venue lui rendre visite avant-hier. La même, mais plus tout à fait. Vieillie, les yeux cernés. Une étreinte douloureuse lui saisit le cœur. Sa peine devient la sienne, un instant.

Il l’aime tellement, elle qui lui a tant donné. S’il pouvait ranimer les instants de bonheur pour elle…

Dans le couloir, ça commence à s’activer. Hey, il reconnaît deux voix familières, comme une mélodie qu’il ne se lasse pas d’écouter sur son baladeur… le tandem Sarah – Cyril. Il connaît déjà la scène du réveil, mais qu’importe. Il ne la subit pas, il l’attend. Le « hey salut Séb ! » et le délicieux « Saaalut Séb ! ».

Tout roule ce matin. L’organisation du service est fluide : pas d’imprévu, pas de casse de matériel, pas de course à l’urgence. Juste la routine, ce petit-déj, les soins donnés dans la bonne humeur, avec des sourires et de la musique.

Puis la kiné. Valérie l’accueille comme jamais, comme une grande sœur aimante. Cela ne se perçoit pas forcément des autres dans la salle, mais lui le sent. Elle est un peu comme de la famille… et Séb repense à sa mère avec tendresse.

Au « resto », il est pote avec tout le monde, lui qui s’éveille et fait des progrès. Lui, le porteur d’espoir pour les autres. Il a toujours sa table attitrée, avec Peter et les amis de cœur qu’il s’est faits ici.

Après le repas de midi vient l’heure du repos. La sieste. Réminiscence de l’école maternelle… Un temps pour lui, pour se retrouver.

Les yeux fermés, il voit le visage de sa mère.

  • Il faut que je la console, que je lui redonne un peu d’espoir, un peu de joie. De l’espoir, j’en ai !

Un flash de Naïma traverse son esprit. Pourquoi ? Il l’ignore.

Un petit « toc toc » timide se fait entendre à la porte. Elle s’ouvre doucement… MAMAN ! crie-t-il intérieurement, comme un moment tant attendu.

Claire s’approche, gonfle sa poitrine pour délivrer son image de maman de toujours malgré ses soucis. Elle doit donner le change.

Elle saisit une chaise. On dirait qu’elle pèse une tonne. Sa petite maman chérie… La tristesse étreint le cœur de Séb. La voir au martyre ainsi.

Elle tient un petit cadeau. Toujours un petit quelque chose, comme à chaque visite.

  • Un gros bisou d’abord, mon chéri.

Séb se sent fondre.

  • Devine ! J’ai trouvé le dernier album de ton groupe préféré !

Elle s’assoit, lui caresse la joue, le bras, lui sourit. Sa main posée près de la sienne, et ce regard dont elle seule a le secret.

Alors, un flot de paroles jaillit de Séb. Jusqu’ici il n’avait prononcé que quelques mots. Sa mère l’avait appris par l’équipe.

  • Maman, ne t’en fais pas. Je reviens bientôt. Je t’aime.

De son index, il caresse la main de Claire, un doux effleurement, un va-et-vient obstiné, comme le mouvement d’un essuie-glace. Un geste qu’il ne peut arrêter, et dont il ne se lasse pas.

De surprise, Claire porte sa main à sa poitrine. En un éclair, elle est transfigurée en la maman joyeuse qu’il a toujours connue.

Tous deux sont heureux. Le temps se fige, et il pourrait bien rester ainsi pour toujours…

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

(◕‿◕)♡ Petit clin d’œil musical :

  1. Ólafur Arnalds – Near Light
  2. Agnes Obel – Familiar
  3. Hammock – I Can Almost See You

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Vision de Valérie et du jeune homme brun

[Entre deux songes, Sébastien découvre la peine de Valérie et retrouve sa voix auprès de Sarah.]

Sébastien n’a pas ce soir l’angoisse qui accompagne l’obscurité de la fin de journée, les bruits du service qui diminuent pour presque s’éteindre, ponctués par une toux, un chuchotement.

Non, Sébastien se souvient de la veille, de cette expérience inattendue et merveilleuse. Dommage, Naïma est de repos. Il ne l’a pas vue de la journée et cette nuit c’est quelqu’un d’autre.

L’infirmier de nuit fait son tour et entre pour lui faire prendre son anxiolytique, mais le trouve endormi et passe à la chambre suivante.

En réalité, Séb ne dort pas encore. Il est en paix, de manière inhabituelle. Il attend sa plongée dans les rêves, un peu comme ces plongeurs en apnée qui maîtrisent leur fréquence cardiaque, la font ralentir jusqu’à un état second où le temps semble s’arrêter. Là, ils sont prêts et se laissent abîmer dans l’océan.

C’est pareil pour Séb. Le grand bleu…

C’est à lui de faire le plongeon. Un trou noir vertigineux qui ne dure qu’une fraction de seconde et il se retrouve dans le couloir comme dans le rêve d’hier.

Là, des lumières kaléidoscopiques se déplacent sur les murs. Une musique d’un genre qu’il découvre et qu’il kiffe à folie l’entoure et l’accompagne.

J’ai envie de me balader par là-bas.

Ce ne sont même pas des pas. C’est de la glisse.

Tiens ! Le couloir de la salle de kiné… Oh, mais Naïma est là ! Elle le précède comme pour lui indiquer la direction. Elle est lumineuse. Un sourire de déesse hindoue.

Les voilà tous les deux dans la salle. Tout d’un coup, Séb prend conscience d’une autre présence.

C’est Valérie ! Mais elle est différente. D’habitude enjouée, grande sœur, volontaire, elle est assise sur un des gros ballons ronds de la salle. Le dos courbé, la tête dirigée vers le lino du sol. Ses cheveux pendent et cachent son visage.

Regarde-t-elle les gouttes de pluie à ses pieds ? Non, pas des gouttes de pluie, mais des larmes.

Une douleur étreint le cœur de Séb, traverse ses épaules et s’installe dans sa poitrine comme un écho de la peine de Valérie. Il regarde vers Naïma, qui lui transmet de la compassion dans son regard dirigé vers Valérie.

Tout à coup, un personnage apparaît.

Un bel homme jeune, grand et brun. Séb devine qu’il existe un lien fort entre lui et Valérie.

Tout disparaît un instant. Naïma, Valérie. Sauf le jeune homme… le regard dirigé vers lui, et comme par télépathie, sans ouvrir la bouche, il lui transmet un message…

Les lumières kaléidoscopiques changent de ton, elles deviennent pastel, se déplacent différemment. La musique aussi change, plus douce, plus mélancolique, mais sublime.

Séb glisse et retourne vers sa chambre. Il réintègre son corps.

Une bouffée d’air frais le touche, et avec elle, le parfum familier de Sarah, sa préférée, lui chatouille les narines. La lumière naturelle éclaire la chambre, la porte-fenêtre s’ouvre sur la journée qui commence.

  • Saaalut Séb ! dit Sarah.

  • SARAH !

La journée ne pouvait pas mieux démarrer.

  • Saaalut Sarah… prononce Séb, surpris par la spontanéité de sa propre voix, lui et son infirmière préférée.

Tout le monde se réjouit dans le service. C’est tellement beau, positif, chargé d’espoir pour tous !

Arrive le créneau pour la kiné. Cédric l’emmène en salle où Valérie vient immédiatement pour le prendre en charge, le félicite pour ses progrès en paroles.

Seulement, Valérie n’est pas comme d’habitude. Séb le sent bien. Presque imperceptible, mais réel.

Pendant un exercice d’assouplissement, alors que Valérie se penche, Séb murmure, sans savoir pourquoi :

  • Ne pleure pas, je suis bien.

Tout à coup, Valérie se retourne, feignant un geste professionnel, passe une main sur son visage, inspire profondément, et se retourne, souriante.

Séb repense au rêve de la nuit, étrange, féerique, beau. Il prend conscience qu’il avait un sens caché, non pour lui, mais pour Valérie.

Une mission.

⋱⋰ ⋱⋰ ⋱⋰

(◕‿◕)♡ Petit clin d’œil musical :

  1. Lisa Gerrard – In Exile (Remaster 2024)
  2. London Grammar – House
  3. Citizen Soldier – Too Loud

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#série #Sébastien #sérieSébastien #fiction #Noktiane


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